« …Petite icône, belle comme un soleil levant... »
Elle a caché sous sa robe de communiante,
Linceul de pureté, la vérité poignante
De ces enfants devenus le jouet des grands.
A l'aube de sa jeune vie aux couleurs d'encens,
Elle a glissé entre les pages de son missel
Les images de sa vie d'avant qu'elle aimait tant.
« ...Tu seras la princesse de ton Roi Soleil... »
Et pourtant, dans la pénombre d'une nuit sans fin,
Son corps bien trop lourd étouffant ses supplications,
La sueur de son torse acide sur son front,
Ses soupirs maléfiques, le feu de ses mains...
« ...L'ont laissé au milieu de ses poupées,
Là, comme un pantin désarticulé... »
Elle a bien essayé d'en parler à sa mère,
Confession murmurée pour un cri qui espère,
Mais s'est vu accablée de folie mensongère
Et du vice en être la prisonnière.
Petite icône, flétrie avant d'avoir fleurie,
Elle a peur du craquement des lames du parquet,
De ses visites dans le silence du non-dit,
D'attendre un repenti qui ne viendra jamais.
Chaque jour, elle a prié Dieu à corps défendu
Qu'il lui accorde le pardon de son infamie.
Chaque jour, elle a prié Marie à corps perdu
Pour qu'enfin il ne vienne plus hanter ses nuits...
« ...Quand vienne la nuit et sonne l'heure, *
Les jours s'en vont et elle demeure... » *
On l'a vue bien souvent marcher le long du ruisseau,
S'accorder même le plaisir de l'eau sur sa peau.
Mais personne ne l'a vue aux aurores s'enfuir,
Quitter la maison pour ne jamais revenir.
Allongée sur le carrelage du prieuré,
Elle est devenue « Petite Sœur de la Pitié »
Et elle a fait vœu de silence et de chasteté,
Pour laver le pêché d'un père encore aimé.
Petite icône, en quête de résilience,
Quand le temps s'étire en filament de patience,
Elle sème ses mots aux vents de sa poésie,
Mais jamais n'écrira le secret de sa vie...
« ...Elle a posé son écharpe d'hiver
Sur le chemin de la fraternité... »
* D'après les vers de Guillaume Apollinaire - Le Pont Mirabeau -
MLD
Déposé le 26 février 2013