Elle attend

(Un écrit s'autorisant quelques libertés)

 

Elle a tout juste vingt ans.

Elle attend que le monde

A ses pieds soit grand,

Qu'il s'étende au- delà de l'horizon,

Comme un océan de révolte et de passion.

 

Elle a trente ans, la voilà maman.

Si fière en dedans,

Elle regarde son enfant pas encore grand,

Qui voudra un jour lui aussi,

Aller de l'autre côté de l'horizon

Et faire le grand voyage.

 

Le temps a passé.

Elle attend son enfant

Qu'elle n'a pas vu depuis si longtemps,

Qui a cru que pour être grand

Il fallait renier ses parents.

Elle rit pour les gens,

Mais pleure en dedans.

Survivante de sa triste vie,

La moitié de son âme s'est tarie.

 

Au crépuscule de sa vie

Elle n'attend plus son enfant.

 Le temps est assassin.

Elle sent qu'un voile obscur

La ralentit de plus en plus.

 

Le temps s'est arrêté.

Il est venu un peu hésitant.

Il a bien du mal à croire

Que ce corps, emmarbré

Dans un silence éternel,

Est celui qui lui a donné la vie.

 

Pourra t- il un jour comprendre

Que sans cette femme

Allongée sur un lit de fleurs,

Rien n'eût été possible ;

Que chacuns de ses matins se sont levés pour lui,

Qu'elle n'a jamais cessé de l'aimer,

Et qu'il en sera encore ainsi,

Au- delà de cette nuit sans fin

Qui s'est installée sur leurs rêves perdus.

 

 

MLD

Déposé le 12 août 2012

19 votes. Moyenne 5 sur 5.

Commentaires

  • MARTINE MAGNIN

    1 MARTINE MAGNIN Le samedi, 21 avril 2018

    C'est à la fois terrible, poignant, vrai et tristement banal. Cette situation est très violente et dure, ton écriture est comme une déchirure, je te souhaite le mieux, bisoux doux
    maliedelay

    maliedelay Le mercredi, 02 mai 2018

    Bonjour Martine, Les mots prêtés ne sont pas toujours le baume d'une douleur. Il reste la caresse d'une écoute. Enfin, c'est ce que j'ai essayé avec ce texte. Au plaisir des mots. Amitié Malie
  • sabine

    2 sabine Le mardi, 22 octobre 2013

    " Un jour, j'aperçois mon visage dans le miroir des toilettes du train. Je me dis, maintenant tu as cette tête-là.
    Je fais connaissance avec cette personne qui est moi. J'accepte de la croiser chaque matin dans la salle de bains, de l'observer quand elle se brosse les cheveux. J'accepte de l'aider à ôter sa carapace. Ôter ses guêtres et sa peau de serpent. J'ose soutenir son regard. Je l'invite à s'installer. " Brigitte GIRAUD

    Magnifique Malie. Tout simplement sublime !. Ne doute pas toi aussi du reflet que tu vois dans ton miroir.
    maliedelay

    maliedelay Le mardi, 22 octobre 2013

    Merci Sabine, De tes visites et de ce magnifique partage. Beaucoup se retrouveront dans le reflet de Brigitte GIRAUD. Au plaisir du reflet de tes mots à toi aussi. Bises. Malie
  • Nathan

    3 Nathan Le dimanche, 24 février 2013

    Merci ma cher Marie- Line pour l'annonce de ton nouveau texte ,tu nous ouvre l'Appétit ,je sent qu'on va se régaler Bisous ABientôt
  • Nathan

    4 Nathan Le vendredi, 22 février 2013

    Cou Cou marie -Line ,on attend toujours de tes nouvelles ,tes ou ?bisou
    marielinedelay

    marielinedelay Le samedi, 23 février 2013

    Bonjour Nathan, C'est très gentil de prendre de mes nouvelles. Je te rassure tout va bien. Je reconnais que je paresse un peu (tu n'es pas le seul à me le dire !). Mais pas d'inquiétude, je ne vous oublie pas et j'ai un nouveau texte en préparation. Et toi Nathan, tu vas bien ? Je te souhaite une Excellente Journée, ainsi que les suivantes. Bisous.
  • Sandra Dulier

    5 Sandra Dulier Le mardi, 18 décembre 2012

    J'en ai pleuré. Très émouvant celui-ci, Marie-Line. Chaque mot traduit une telle humanité. Je suis dans les "trente ans" mais je sais la route inexorable vers cette séparation... Profiter de chaque jour de ma vie de mère auprès de mon enfant.. Ce chemin est si court. Merci pour ce partage. Amitiés
  • NACHIDA

    6 NACHIDA Le dimanche, 26 août 2012

    je pense que le grand mtr a tt dit je v juste rajoute SEULES LES FEMMES ,les meres savent ce qu est le verbe attendre de luca
  • Brahim

    7 Brahim Le vendredi, 24 août 2012

    Chère Malie,

    Merci pour la contribution à l'éclairage de ma lanterne : elle m'est fort utile.

    Amitiés.
  • Kriss F.Gardaz

    8 Kriss F.Gardaz Le mardi, 21 août 2012

    Magnifique! Je pense que tu as raison, cela devrait toucher plus d'une femme. Merci pour ce beau partage.
  • pierre-jean

    9 pierre-jean Le lundi, 20 août 2012

    Bouleversé. Simplement. Merci Malie, c'est superbe...
  • Brahim

    10 Brahim Le vendredi, 17 août 2012

    En complément de mon premier commentaire, je dis que je ne suis pas étonné du tout de ta parfaite pratique de l'écoute active. Et là; à mon tour de te reconnaître ! Peux-tu m'aider à comprendre en quoi ton "écrit" (pour ne pas t'exaspérer par l'utilisation de mot poème) me fait penser malgré moi à Barbara et à sa très belle chanson : Nantes, où elle parle de son voyage pour le dernier regard sur son géniteur ? J'avoue ne pas comprendre pourquoi je fais ce rapprochement.et tes lumières me seront bien précieuses. Merci
    maliedelay

    maliedelay Le jeudi, 23 août 2012

    Cher Brahim, Je n'ose me permettre de comparer mon écrit à celui d'une aussi grande dame que Barbara, je m'en tiendrai donc à sa chanson "Nantes" Elle parle effectivement de la nécessité pour un parent de rejoindre la sérénité (...) par la présence de son enfant. Si l'histoire est vraie... on peut penser même que c'est un pardon qui est attendu dans cette chanson. (...) Depuis qu´il s´en était allé Longtemps je l´avais espéré Ce vagabond, ce disparu Voilà qu´il m´était revenu (...) J'imagine que cette attente était réciproque, car quelqu'en soient les non-dits, il y a forcément un lien inaltérable entre parents et enfants, bien au-delà des silences et des absences. J'espère avoir pu t'aider un peu. Avec toute mon amitié Au plaisir de te lire Malie
  • Brahim

    11 Brahim Le jeudi, 16 août 2012

    Une immense déception. Incompréhension de l'incompréhension venant de l'autre qui est sa propre chair !. Enfin, cet effort surhumain de "rire pour les gens, au moment où elle pleure en dedans"... Merci Malie, pour ce poème qui en dit beaucoup ou pas assez...
    maliedelay

    maliedelay Le vendredi, 17 août 2012

    Cher Brahim, Voilà un écrit où j'ai eu envie de prêter mes mots simples, à la douleur qu'une mère m'a confié. Des mots d'écoute aussi pour toutes celles qui sont dans le même cas et je crois qu'elles sont plus nombreuses qu'on ne l'imagine. Merci pour ta fidélité. Au plaisir de te lire A Bientôt Malie

Ajouter un commentaire

Anti-spam