Le voyage

 

J'ai navigué sur les flots insensés

De tant de promesses sans réalité.

Mon frêle esquif, en guise de galère,

A plus d'une fois perdu son chemin ;

Ballotté dans les brumes mensongères

De vagues chimères sous un ciel d'emprunt.

 

J'ai été portée par les alizés

De vos belles paroles caressantes,

Quand vous me disiez figure de proue aimée ;

Alors que je n'étais qu'un serpent d'eau,

Ondoyant sous une ondée enivrante

Dans les méandres d'un mince filet d'eau.

 

J'ai parcouru des mers désenchantées,

Devenues des lames de fond au matin.

Elles m'ont emmenée vers des ports incertains,

Sans la moindre attache pour amarrer,

Sans même un phare pour guider mon exil

Et changer le cours d'un destin fragile.

 

J'aurais voulu être Sélénite,

Apprendre le langage des étoiles,

Comprendre celui du vent dans les voiles,

Pour pouvoir mieux diriger ma fuite.

Mais en bon capitaine, j'ai préféré

Laisser mon bateau trouver ma vérité.

 

Enfin, j'ai pu goûter au calme plat,

Reflet des horizons toujours fidèles.

J'ai aimé ses rivages sans apparat,

Où les doux embruns ont un goût de miel.

Là, où tu es apparue inattendue,

M'offrant ton île aux plaisirs entendus.

 

 

Qu'importe les dérives

D'un voyage sans gloire.

Qu'importe qu'elles aient laissé

Comme un bouquet d'épines

Sur mes envies, mes audaces.

Qu'importe, puisque j'ai aimé

...

 

Puisque chaque matin sur ton île,

Là, tout n'est qu'ordre et beauté, *

Luxe, calme et volupté. *

 

* Charles Baudelaire - L'invitation au voyage -

 

MLD

Déposé le 08 mai 2012

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